Un boucher qui devient végétarien (même végan si je comprends bien), un pilote d’avion jetant l’eau du bain (non non, il ne manque pas de mots, vous comprendrez si vous écoutez), énième pub pour Les Pieds sur terre.
Nouvelle question sans réponse. Est-ce que se confronter aux parcours de vie des uns et des autres aide à réfléchir ? J’aimerais bien votre avis parce que pour vous résumer ce qui suit, je dirais que oui, mais non, mais quand même, ça se discute.
Dans cet épisode des Pieds sur terre, on entend d’abord un pilote d’avion détailler son parcours avec des yeux qui pétillent (si tant est-ce qu’on puisse percevoir des yeux qui pétillent à la radio). Son métier l’a passionné. Et puis un jour… déclic. Le genre de révélation à te faire prendre des décisions radicales. Celles qui vont changer ta vie.
Gazou gazou
On a tous besoin de trouver l’image qui nous parle pour comprendre la mécanique des gaz à effet de serre. Pour comprendre vraiment ce que signifie le dérèglement climatique je veux dire. La sienne, c’est une baignoire. Devant une petite vidéo de rien du tout, Air capt’ain « visualise soudain cette baignoire qui se remplit et ne se vide jamais ». Il se rend compte surtout que son métier, c’est justement de la remplir quand d’autres s’échinent à préparer trois bouts de serpillières tout en sachant qu’elles ne serviront à rien. Ce n’est plus possible.
La deuxième histoire est celle d’un boucher qui fait gazou gazou à son chat et se dit qu’il a échappé de peu à un destin de viande sur pattes. S’il n’avait pas fait miaou, mais meuh, bêêh ou seulement de la bave pour un escargot, le petit chat ne pourrait pas se prélasser sur un canapé, déniaper des papillons et gratter des portes toute la journée. Il se retrouverait du mauvais côté du couteau (c’est son sentiment à cet instant que je décris).
Le débat
En éteignant, je me suis dit que ces témoignages, et le premier en particulier, étaient bien plus puissants que ce que je me suis échiné à écrire dans mon précédent métier (et bien plus puissants que ces résumés caricaturaux que j’en fais présentement). Puis comme j’ai l’esprit de contradiction, j’ai balayé moi-même mon argument. Je me suis fait avoir parce que tout cela sert mon propos, mais une expérience de vie, même lorsqu’elle est sincère, ne justifie pas une idée. On peut trouver touchant le parcours de ce boucher sans devenir végétarien. Moi qui suis végé, cette histoire de chat n’est pas du tout mon raisonnement. Et puis d’ailleurs, le sien est heureusement plus complexe et argumenté que ça.
En réalité, l’incarnation des sujets est souvent un piège. Quelqu’un de formidable a parfois des idées toutes pourries et inversement.
Et là, je ne sais pas si vous suivez toujours, mais vient le temps d’une nouvelle question. Si les histoires personnelles n’apportent rien aux débats, ne contribuent-elles pas à les pacifier ? Après tout, on méprise trop souvent aujourd’hui les idées en même temps que ceux qui les professent (et je m’inclus dans le « on »).
Pour rester sur le même sujet, j’ai toujours détesté débattre du végatarisme (contrairement à ce qu’on croit, ce sont surtout les amateurs de viande qui jugent les végés, pas le contraire). Mais pour ceux qui veulent vraiment échanger sur le sujet, peut-être que le témoignage de ce boucher peut aider à comprendre la démarche et poser les bases d’un dialogue ?
Bon, ça vous paraît peut-être très théorique tout ça. Pour mes métiers, c’est hyper important… Quand tu es journaliste, tu te demandes toujours quelle place laisser au témoignage. Quand tu collectes des histoires de vie, tu est amené à t’interroger sur ce qu’il faut faire de ces thèses biscornues qui arrivent sans crier gare au milieu d’une anecdote hyper descriptive.
Quoi qu’il en soit, lecteurs adorés, vous avez le droit d’oublier cette réflexion et d’écouter l’émission peinard. Bonne écoute
