J’ai honte. J’avais totalement oublié l’histoire de Benoît Quennedey, soupçonné en 2018 d’être un espion à la solde de la Corée du Nord, livré en pâture sur la place publique, puis oublié par tout le monde bien que totalement blanchi. Les Pieds sur terre reviennent sur cet épisode et c’est tout à leur honneur.
En réalité, j’ai deux fois honte. D’abord en tant que Dijonnais. Le hasard fait que ce gars a été dans ma classe, peut-être bien en terminale. Quand l’affaire est sortie en 2018, je trouvais ça rigolo d’avoir un ex camarade espion. Bon honnêtement, on n’a jamais été copains. Lui était trop intello pour moi qui étais un cancre absolu. Il avait une manière bizarre de s’exprimer. Un peu précieuse. Il s’habillait comme au Moyen-Âge. Il avait des pellicules dans les cheveux et je trouvais ça crade (moi qui étais plein de boutons, c’est vraiment l’hôpital…).
D’accord, il n’y avait rien de prouvé, mais on a beau crier à la présomption d’innocence, au fond de nous on se dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu, surtout quand tous les médias reprennent l’information en boucle. Et puis quand même, la Corée du Nord quoi. Le con !
Je ne vais pas raconter son histoire dans le détail. Cet épisode des Pieds sur terre est parfait, décrivant le parcours de cet homme et sa chute vertigineuse, vous n’avez qu’à l’écouter. Ce qui est sûr, c’est qu’on comprend assez vite que la DGSI s’est totalement foirée. Je n’y connais rien en espionnage donc je ne critique pas. Peut-être que pour déjouer des complots, on ne peut pas éviter les victimes collatérales (j’écris ça, honnêtement, j’en sais rien, je n’ai pas réfléchi à la question sérieusement).
Par contre, et c’est cette fois-ci en tant que journaliste que j’ai honte : comment un tel emballement médiatique peut se mettre en place. Et surtout, surtout, surtout, comment se fait-il qu’un homme traîné dans la boue ne soit pas réhabilité par ceux qui l’ont dégommé. Une fois de plus, le récit d’une histoire personnelle nous interpelle collectivement.
En lui laissant la parole, Brice Gravelle et Sonia kronlund font leur travail et je les applaudis. Ils nous interpellent aussi. Avoir un ex camarade espion, c’est cool. Mais avoir un ex camarade traîné dans la boue, détruit professionnellement (parce son employeur le Sénat ne sort pas non plus grandi de cette affaire), quasi-poussé au suicide, c’est pas cool du tout.
Excuse-moi Benoît.