Sur le papier, il est indéniable qu’on s’intéresse plus facilement à la vie d’un people qu’à celle d’un anonyme.
Par snobisme, je suis le premier à prétendre le contraire, mais il y a quinze jours par exemple, je vous ai conseillé une émission sur un écrivain renommé. Pas une interview de M. Dugenou (faut dire que celui-là, il nous a déjà bien gonflés avec ses interrogations sémantiques).
Heureusement qu’on a les copains pour attirer notre attention sur des personnes passées sous les radars et qui ont pourtant des talents cachés et des vies savoureuses. Celle d’Isabeau de Paname méritait bien un podcast (que vous trouverez là). Psychologue clinicienne accompagnant des mourants le jour, figure de la butte Montmartre la nuit, c’était un personnage, comme on dit.
À quatre mains, ou disons à deux micros, sa fille, Hana Levy, et l’amie Stéphanie Carballo ont parcouru les lieux que « la Dame qui chante » a marqués de son empreinte. En particulier les cabarets de la butte Montmartre et l’île du Levant où elle traînait ses guêtres « les fesses à l’air et la liberté en bandoulière ».
Bleib Gesind
Isabeau avait le don d’attirer à elle des femmes et (surtout) des hommes sentant bon le Paris populaire. Ceux à qui « il a manqué un quart d’heure de cuisson » (comme j’aimerais avoir trouvé cette formule que je ne peux même pas rendre à son propriétaire car je n’ai pas pris de notes). En les écoutant, on les imagine plus contemporains de Fréhel que de Michel Drucker (remarque qu’en y réfléchissant bien, ils sont peut-être conscrits Fréhel et Michel Drucker !). La butte Montmartre n’est pas qu’un mythe.
Stéphanie, si tu passes par là, tu ne m’en voudras pas d’écrire que durant les interviews, la série souffre çà et là de quelques défauts d’enregistrement, mais oubliez-les pour vous laisser embarquer dans un monde qui nous paraît si loin. Si loin parce qu’il est révolu ou si loin parce que nous n’y avons jamais eu accès, je vous laisse trancher. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’est pas chez les amateurs de rock alternatif qui s’offrent un petit délire rebelle le week-end avant de renfiler le costume-cravate lundi matin. Là, on est chez les vrais écorchés de la vie.
Les Isabeau de Paname ne courent pas les rues, mais elles sont plus nombreuses qu’il n’y paraît. On a tous connu des personnalités qui mériteraient une petite enquête. Alors à nos plumes. À nos questions. À nos micros.
Difficile de terminer sans utiliser cette expression yiddish qui est le titre du podcast : Bleib Gesind. Si vous ne savez pas ce que ça veut dire. Eh bé, écoutez !
Exceptionnellement frais ce podcast…merci pour la découverte ! Comme une source de liberté. Limite ça donne envie d’aller se poser sur cette fameuse île du Levant
Bleib gesind 🙂
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