J’ai profité des vacances pour souffler sur la poussière des cahiers dans lesquels je consigne les jolies phrases trouvées dans mes lectures. Je vous livre une réflexion d’Amin Maalouf sur la mémoire, sur ce que nous disent nos ancêtres, sur ce qui donne du sens à ce qu’on fait.
Dans ces cahiers, Amin Maalouf figure en bonne place derrière des auteurs comme Romain Gary ou John Steinbeck. D’abord parce que je l’ai beaucoup lu. Surtout parce qu’il écrit des choses très intelligentes le Monsieur. Je l’ai d’ailleurs déjà cité ici même pour un autre livre. Quand je tombe sur un roman bien écrit mais dont l’intrigue est un peu light, j’ai même créé une catégorie Maalouf qui fait beaucoup rire ma sœur : celle des grands auteurs à qui il ne manque que l’imagination (parce que de ce côté là, c’est pas toujours foufou ses livres).
Dans son essai, Origines, il évoque ses ancêtres et on comprend vite que si lui et son neveu trompettiste (Ibrahim) ont du talent, ils ont de qui tenir. Amin profite de ses investigations pour s’interroger sur ce besoin qu’il a et qu’on a tous parfois de farfouiller dans notre généalogie et de nous pencher sur la vie de nos aïeux. Voici la citation :
« Certains penseront (…). Laissons les morts enterrer les morts, et occupons-nous de notre propre vie ! Aucun besoin pour nous, il est vrai, de connaître nos origines. Chacun traverse les années qui lui sont imparties, puis s’en va dormir dans sa tombe. À quoi bon penser à ceux qui sont venus avant nous puisque pour nous ils ne sont rien ? À quoi bon penser à ceux qui viendront après puisque pour eux nous ne serons plus rien ? Mais alors, si tout est destiné à l’oubli, pourquoi bâtissons-nous, et pourquoi nos ancêtres ont-ils bâti ? Pourquoi écrivons-nous, et pourquoi ont-ils écrit ? Oui, dans ce cas, pourquoi planter des arbres et pourquoi enfanter ? À quoi bon lutter pour une cause, à quoi bon parler de progrès, d’évolution, d’humanité, d’avenir ? À trop privilégier l’instant vécu on se laisse assiéger par un océan de mort. À l’inverse, en ranimant le temps révolu on élargi l’espace de vie ».
Franchement, à part le fait que tous les rédacteurs SEO vous diront qu’il a commencé trop de phrases par un A accent et que cette publication va obtenir un zéro pointé dans les moteurs de recherche, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.
Et donc pour une fois, je vais suivre un conseil qu’on me donne souvent : « Olivier, tu ne pourrais pas juste te taire ? ».
Olivier Descamps – olivier@lheuredelaprose.fr – 03 80 33 61 26
N’oubliez pas de faire circuler ma lettre de temps en temps. Elle finira peut-être entre les mains d’une personne susceptible d’avoir besoin d’un coup de main pour écrire ses souvenirs familiaux ou pour structurer sa démarche. Contact.
Bonjour et merci Olivier. Je sais pourquoi j’aime me lever tôt. Profiter de ta prose dominicale quand il n’y a aucun bruit (juste le mouvement des lumières clignotantes du sapin, encore en ce jour) est l’une de ces raisons. Mon grand-père paternel (chansonnier avant la Guerre) a écrit des poèmes, papa a écrit ses mémoires (que je redoute de lire et je ne le ferai sans doute pas car notre vision des souvenirs de mon enfance diffère, j’en suis certaine). Je doute qu’un autre du cercle familial ait un jour l’idée de raconter sa vie, mais qui sait. Bon dimanche à toi et merci pour ce rendez-vous.
Merci Pascale. Peut-être qu’il y a des âges ou des moments de vies qui se prêtent davantage à ce type de lectures ou d’écritures, mais tu as raison : on a aussi tout à fait le droit de laisser les histoires là où elles sont ou de se contenter de les transmettre aux enfants ou aux petits-neveux qui en feront ce qu’ils veulent
Olivier, j’aime beaucoup ce que tu écris et raconte. A chaque fois cela me lance sur une piste de rêverie ou de réflexion. Le récit que j’ai préféré: celui du clafoutis.
Ton texte promotionnel , je changerais le nom de Madame Michu, qui dans mon monde à moi est péjoratif, même si tu veux dire que c’est Madame tout le monde et que chaque histoire mérite un récit.
Quant aux ancêtres, j’aime chercher ce qu’ils étaient, connaître des bribes d’histoire, me raconter des histoires de transmission, m’interroger sur des états émotionnels qui n’appartiennent pas à mon histoire, à mon éducation et ne sont pas le fruit d’une réflexion intellectuelle, mais dans mon ventre. Par exemple, vibrer intensément, sentir les larmes de belle émotion monter au cœur de chaque manifestation, Ou bien être de gauche, ou encore soutenir les Gilets Jaunes.
J’ai « la Commune de Paris » au cœur. Une , un ancêtre?
J’imagine que toutes ces rêveries feraient surface sans mes texte, mais merci de m’y associer !
Je vais suivre ton conseil pour Mme Michu