Une tétralogie inédite (enfin presque)

Qui n’a pas lu « La Légende de nos pères » ? À part moi, s’entend parce que malgré le paquet de Sorj Chalandon rangé dans ma bibliothèque, celui-ci m’a pour le moment échappé. Et ce alors même qu’il met en scène un ancien journaliste devenu biographe. Amusant, non ?

Bref, petite entrée en matière pour saluer ce grand écrivain contemporain de la mémoire (et là, on disait qu’on faisait semblant d’oublier un instant qu’en réalité, la moitié des romanciers écrivent sur leurs souvenirs et l’histoire de leur famille).

Pour les amateurs de sons qui ne seraient pas lassés de mes conseils podcasts (ici et ), courez écouter la série À voix nue réalisée par Caroline Broué, sur France Culture (ou allez-y tranquillo en pantoufles, ça marche aussi). Pour les lecteurs qui seraient passés entre les mailles du filet, ce n’est pas un, ce n’est pas deux, ce n’est pas trois romans que je vous suggère de découvrir, mais carrément la tétralogie Mon traître / Retour à Killybegs / Profession du père / Enfant de salaud.

Profession du père
Mes excuses à ceux qui viennent de s’étrangler et de faire tomber leur téléphone dans le cacao. Il est indéniable que je viens d’inventer que ces quatre textes formaient une tétralogie. Mais d’abord, j’écris qu’est-ce que je veux. Et ensuite, reconnaissez que c’est moins idiot qu’il n’y paraît. Les deux premiers romans de ma tétralogie virtuelle se penchent sur la vie de Denis Donaldson, un homme qui a donné à Chalandon l’amour de l’Irlande tout en fricotant avec la couronne britannique. Et qui ressemble fort à un deuxième père. Les deux suivants mettent en scène le vrai papa (qui, spoiler, était un grand malade).

Profession du père : sauver le traître

Je crois me rappeler que Chalandon a lui-même raconté quelque-part qu’il avait dû y aller par étapes avant d’écrire Profession du père. Si j’étais éditeur, je n’hésiterais donc pas à accoler les quatre ouvrages. Disponibles pour la modique somme de 22€99 dans toutes les bonnes librairies, un marque-page offert.

Leurs thématiques sont les mêmes : la confiance trahie, l’incompréhension, et plus encore ce besoin vital de trouver des circonstances atténuantes ou des flous afin de sauver malgré tout le traître, le mythomane, le salaud.

C’est enfoncer une porte ouverte que d’affirmer que nous ne sommes pas redevables de la vie des gens qui ont compté pour nous à un moment ou à un autre. Mais c’est comme si Sorj Chalandon refusait cette évidence. S’il fallait à tout prix qu’il donne du sens à ce qui n’en a pas toujours. N’insistons pas trop pour le convaincre après tout. Il risquerait de ne plus écrire et ça, ce serait dramatique.

PS : Certains d’entre vous me disent qu’ils écoutent les podcasts que j’ai conseillés et ça me fait bien plaisir. N’hésitez pas à dire ce que vous en pensez en commentaire, même après coup.

L'heure de la prose

Olivier Descamps Journaliste, Plume, Biographe

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