Salut à toi lecteur (plus) fidèle (que moi). C’est vrai que je t’ai salement abandonné ces derniers mois. Je pourrais prétexter le manque de temps, mais la vérité, c’est que je n’assume plus trop les grandes analyses sur la vie qu’à la réflexion, je ne maîtrise pas du tout. Ce matin, j’ai toutefois une bonne occasion de dégainer ma souris et mon clavier.
Jeudi a été publié un recueil de textes qui donne de la chair à mon idée de récits de vie croisés. Beaucoup l’ont trouvée fumeuse et je ne leur jette pas la pierre : ça restait jusqu’alors très conceptuel. Une vague intuition que ça pouvait être sympa. Une personne y a cru et m’a suivi tête baissée en entraînant toute son équipe. Franchement, merci Guillaume. On a pris le temps, mais ça valait le coup d’attendre.
Voyage dans les souvenirs
Dans le dernier Klapisch, « la venue de l’avenir », qui est une ode aux métiers de la mémoire soit dit en passant, il y a une phrase que je n’ai pas eu le temps de noter parce que je n’avais pas mon calepin magique sous la main, mais que je vais paraphraser. Abraham Wapler dit en substance qu’après s’être laissé happer par le futur proche, ça lui fait un bien fou de prendre le temps de regarder en arrière pour se remettre à avancer (mes excuses au scénariste du film qui vient de recracher son champagne par le nez en voyant ce que j’ai fait de sa citation).
Si le ciel se couvre, si les années se perdent dans l’oubli ; si le passé me parle d’autres vies (il n’a pas cité Pomme quand même ? Si si. Ah bon), ça vaut le coup de se demander, nous fait comprendre l’un des trente-sept héros du film, si on est toujours sur un chemin qui nous convient, si on a besoin d’ajustements ou s’il faut prendre des décisions radicales (pas de spoil, même si sa décision à lui, on la voit arriver à des kilomètres et en fait, c’est pas grave du tout).
Sous le sèche-cheveux de la piscine
Et bien, ce concept de récits de vie croisés, c’est exactement ça. L’entreprise Actee, qui m’a commandé ce travail, est la structure qui finance la rénovation énergétique des bâtiments publics. Je me suis mis à la place d’un élu ou d’un ingénieur plein de doutes et qui part marcher pour réfléchir et décider s’il envoie tout balader ou s’il est à sa place.
Parallèlement, j’ai demandé à tout un tas de gens de me parler de leur enfance : des salariés d’Actee, des élus, des agents de collectivités. Ils m’ont raconté ces journées à couper du bois avec papa, le poêle à charbon au milieu de la salle de classe, ces longues minutes sous le sèche-cheveux de la piscine pour se réchauffer… Ce sont leurs propos qui font l’ossature du livret et qui répondent aux questionnements de mon bonhomme virtuel plein de doutes. Un graphiste, Christophe Broggi, a (superbement) mis tout cela en musique. Et voilou. On ne parle jamais du métier d’Actee et pourtant on ne parle que de ça. Une démarche impressionniste en quelque sorte (je suis nul en peinture. Les experts me corrigeront).
Je ne sais pas si ce carnet de voyages sera mis en ligne donc que ceux qui veulent y jeter un œil n’hésitent pas à me le demander. Les autres, n’oubliez pas le conseil ciné. Et si vous avez la chance, comme moi, d’y aller avec des amis qui ont toujours fait partie de votre vie, c’est encore mieux. Ils vous aideront à interroger vos souvenirs.
PS : inutile de dire que j’attends avec impatience que de nouvelles entreprises, collectivités, familles me demandent le même travail, à l’écrit ou en podcast. Pour la promo, je compte sur toi lecteur (plus) fidèle (que moi).
PPS : message personnel à mes quatre ou cinq abonnés qui habitent près d’Is-sur-Tille : j’espère que vous avez mis un copyright sur l’avant-dernière scène du film de Klapisch
