Que vous ayez commémoré les cinquante ans de la disparition du bonhomme la main sur le cœur ou que vous soyez complètement passé à côté, je vous conseille vivement la série documentaire « 1974, Pompidou est mort ».
Ok, ça fait quatre heures d’écoute. Un peu long pour l’histoire d’un vieux président qui ne prend même pas le temps, pour l’occasion, de lire un extrait de son Anthologie de la poésie française.
Néanmoins, c’est quoi quatre heures dans une vie ? Si vous êtes footballeur, ça correspond plus ou moins à deux matchs à se rouler par terre ? Et si votre truc, c’est plus le repassage, enfilez un casque et zou. Je vous garantis que ce podcast vaut largement le bruit d’une centrale vapeur. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ces quatre heures, c’est bien moins que le temps passé par la journaliste Kristel Le Pollotec dans les archives de l’INA.
Les amateurs de politique en ont pour leur argent. Les reportages et interviews de cette série donnent une vision assez claire de la situation en 1974 : divisions de la droite, émergence de la smalah Le Pen, premiers discours écologistes de René Dumont qu’on pourrait quasi copier-coller aujourd’hui…
Mais ce qui est passionnant, ce sont surtout les pas de côté effectués par la journaliste. C’est l’esprit du temps qu’elle a su capter à coups de flashs infos, de discours, de témoignages : du Jacques Mesrine par ci, de la Brigitte Bardot par là, un entretien télévisé de Jacques Lacan (auquel je n’ai rien compris, c’est grave docteur ?), la réception contrastée des Valseuses au Masque et la Plume… Et puis surtout, par touches impressionnistes : la vie en 1974, le phrasé des enfants si particulier à cette époque, la crise sociale ou le machisme sans filtre.
Une époque dont on essaie de se souvenir
Je ne sais pas si un grand magazine (que je ne citerai pas parce que je l’ai déjà étrillé il y a un mois), laisserait aujourd’hui passer cet édito de Jean Dutourd qui explique – tranquille Émile – que si « huit crimes passionnels sur dix sont commis par des hommes, [cela] montre avec une grande clarté que les femmes leur en font voir de toutes les couleurs ». Non non, cherchez pas le second degré, y en a pas !
Voilà quelques semaines que je fais le Monsieur à écrire sur un sujet mémoriel que je maîtrise à peine et je n’ai pas l’intention de jouer à l’expert. Toutefois, je crois que c’est ça qui est passionnant dans le travail biographique, qu’on soit du côté de celui qui témoigne ou du côté de celui qui écrit : il y a la vie d’une personne bien sûr et la plupart du temps, elle se suffit à elle-même. Mais il y a aussi une époque dont on essaie de se souvenir, qu’on cherche à mieux cerner car elle nous donne des clefs pour comprendre la manière dont le monde a évolué. Et dont on évolue nous-mêmes.
Je l’avais repéré ce podcast, mais j’ai pas fini le très long sur L.F. Céline (qui est très interessant mais un peu trop pédagogique à mon goût, avec de de trops fréquents résumés), je me le note sur ma liste !